Un ennemi à venir



Lentement mais surement, un ensemble de pays d’Afrique s’urbanise. De l’urbanisation surgit une nécessité qui est l’industrialisation. Tout en regardant les pays comme le Canada et la Chine avec envie et inspiration, l’Afrique doit garder en tête que l’industrialisation d’une société amène aussi son lot de maux. Pour les populations qui ont eu l’opportunité de la subir, le passage à l’industrialisation a augmenté nettement leur niveau de vie économique ainsi que leur espérance de vie. Elle a aussi sacrifié un privilège humain pour lequel on ne peut mettre de valeur monétaire. Or, plusieurs archéologues s’entendent pour dire que la révolution industrielle n’a pas mené à des populations plus en santé. Des maladies considérées rares dans l’Antiquité sont désormais courantes à notre époque, particulièrement le cancer. 

Le cancer est la transformation d’une cellule saine de notre corps en une cellule déréglée. Il faut savoir que la cellule se multiplie selon un nombre limité. Un processus au cours duquel son ADN est répliqué. C’est ce qui assure un bon fonctionnement de nos organes vitaux. Or, il suffit d’un dommage (mutation) à son ADN pour qu’elle perde totalement le contrôle. Elle se multiplie alors sans arrêt. La masse de cellules ainsi générée est appelée tumeur. Elle peut être bénigne ou maligne. Si la tumeur réside dans les poumons, par exemple, on parle alors d’un cancer du poumon. D’autre part, une tumeur maligne a la capacité de sortir de son tissu initial et aller envahir tout le corps. On parle alors de métastases. Les décès attribués au cancer sont généralement dus à la formation de métastases. Heureusement, la cellule a une solide défense contre les multiples attaques contre l’ADN. Toutefois, plus on avance en âge, plus la défense perd de son efficacité, augmentant du coup les probabilités de développer un cancer. Voyant l’espérance de vie s'allonger dans les sociétés industrielles, la médecine reste constamment à la recherche de nouvelles armes contre le cancer.

Le fait de fumer ou d’être régulièrement exposé à la fumée secondaire de cigarette cause le cancer. On nomme agent cancérogène toute substance capable provoquer ou de favoriser le cancer par dommage à l’ADN. La fumée de tabac à elle seule contient au moins 70 substances cancérogènes. Il n’est pas étonnant d’apprendre que le tabac est responsable de 16 différents cancers, incluant celui du poumon qui est une des premières causes de décès dans le monde. Le Danemark, la France et les États-Unis font partie de la liste des pays ayant les plus hauts taux de cancers. On constate que le Danemark, par exemple, possède une forte proportion de fumeuses.


Conscientiser la population à l’usage néfaste du tabac est la première arme contre le cancer. Au cinéma, on est passé des pauses cigarettes aux scènes de beuverie. On ne peut toutefois pas prendre à la légère le facteur de risque qu’est l’alcool. La consommation de boissons alcoolisées libère dans le sang de l’acétaldéhyde, un agent cancérogène aussi toxique que la fumée de tabac. Pris de façon excessive, l’alcool peut causer le cancer de la bouche et de l’œsophage. Une boisson par jour d’alcool est même associée à un risque accru de développer un cancer du sein chez la femme. Selon l'OMS, l'alcool représente la deuxième cause évitable de mortalité par cancer après le tabac en France. 

Avec les pays qui s’industrialisent, les populations gagnent en mauvaises habitudes. Elles consomment davantage d’aliments transformés et exercent moins d’activités physiques. Deux recettes qui peuvent mener à l’obésité (une accumulation anormale de graisse corporelle). L’obésité, quant à elle, est liée à 13 types de cancer dont celui de la prostate. Il semble que la graisse corporelle en excès fournit un terrain plus propice aux cellules cancéreuses pour se multiplier. Une étude a d’ailleurs montré que la perte de poids chez les obèses réduit la quantité de certaines protéines qui aident la tumeur à se répandre. Avec la malbouffe qui s’installe sournoisement sur toutes les couches de la société, la lutte contre l’obésité va devenir le nouvel enjeu médical. Rappelons que les campagnes de lutte contre le tabagisme ont bien porté fruit aux États-Unis. Certes, la mort par le cancer y est en baisse depuis les 24 dernières années. Néanmoins, la population aux États-Unis est vieillissante tout en étant affectée par l’obésité qui ne semble pas aller en diminuant. 
L’infection chronique par les virus est le facteur de risque du cancer le plus préoccupant pour l’Afrique. En effet, les virus sont responsables des principaux cancers en Afrique, soit celui du col de l’utérus et celui du foie. En ce qui concerne le cancer de l’utérus, on parle d’infections par le virus du papillome humain. Les virus de l’hépatite B et C sont quant à eux responsables du cancer du foie. Ces virus sont dits oncogènes car ils stimulent la multiplication déréglée de la cellule qu’il infecte en s’incorporant à son ADN. Les virus peuvent aussi favoriser le développement du cancer en affaiblissant le système immunitaire. C’est le cas des personnes infectées par le virus responsable du SIDA. Ces personnes ont moins la capacité de se défendre contre un virus comme celui du papillome humain. À l’échelle mondiale, l’infection par les virus représente 5% des facteurs de risque du cancer. Le dépistage systématique et la vaccination réduisent considérablement l’incidence du cancer induit par les virus. En Amérique du Nord, 3 femmes sur 100,000 meurent chaque année du cancer du col de l’utérus. Ce nombre passe à 23 sur 100,000 en Afrique. 

L’ensemble des pays d’Afrique affiche les plus faibles taux de cancers dans le monde. Cependant, 60% des nouveaux cas de cancer dans le monde sont rapportés en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud et Centrale. Les femmes Africaines sont les principales victimes du cancer. On estime qu’environ 5 millions de femmes en Afrique succomberaient du cancer d’ici 2030. La prévention du cancer en Afrique passera par la mise en place de mesures politiques concrètes et par la sensibilisation de la population aux facteurs de risques. 

Le gouvernement sénégalais fait honneur en ayant mis en place des mesures pour limiter l’usage du tabac au sein de sa population. Le tabagisme est la première cause de décès par cancer dans le monde. Le Sénégal comprend qu’il peut prévenir nombre de cancers s’il ne suit pas la tendance à la cigarette. Malheureusement, beaucoup de pays d’Afrique, à cause de leur vulnérabilité économique, sont la cible des compagnies de tabac. Sans une politique radical anti-tabagisme, l’industrie du tabac aura tout le champ libre pour impressionner la jeunesse.

L’exemple du Sénégal montre à quel point les gouvernements jouent un premier rôle dans la lutte contre le cancer. Il en revient à eux de mettre en place une politique de vaccination contre le cancer du col de l’utérus et du foie. C’est aussi à eux de mettre en place des programmes d’éducation des familles sur le sujet du cancer. Encore pour beaucoup de familles, le cancer, notamment celui chez la femme, est un sujet tabou. Par ailleurs, les gouvernements africains doivent assurer à la population des mesures de dépistage du cancer col de l’utérus, du cancer du sein et celui de la prostate. Si le Danemark affiche les taux les plus élevés de cancer dans le monde, c’est en partie dû à l’efficacité avec laquelle on y détecte le cancer au niveau de sa population. Or, le plus tôt on détecte le cancer, le meilleur est la chance de survie. À tout cela s’ajoute un élément essentiel à la lutte contre le cancer : la mise en place d’infrastructures. L’Afrique doit se munir, entre autres, d’outils à la fine pointe de la technologie, d’hôpitaux capables de soutenir une population croissante et vieillissante, de personnels qualifiés pouvant administrer les traitements et en faire le suivi. L’Afrique à l’ère industrielle doit aussi se doter de centres de recherche mettant l’accent sur des remèdes adaptés à sa population.

Finalement, l’Afrique doit faire face au cancer sans tomber dans les pièges reliés à l’industrialisation. Prenons le Japon en exemple. C’est sans aucun doute un des pays les plus industrialisés dans le monde. Pourtant, on y dénombre le plus de personnes centenaires et une population globale ayant un des plus faibles taux de cancers des pays à revenu élevé. D’ailleurs, la consommation de cigarettes décline constamment au Japon. L’obésité y est quasi inexistante. On y privilégie une diète riche en produits de la mer en plus d’une diète faible en sucre et en viande rouge. Les Japonais boivent très peu de boissons alcoolisées au profit du thé vert. C’est au Japon qu’on regarde les gens préférés la marche à être assis dans une voiture. Les Africains doivent garder en tête que la prévention du cancer se réalisera avec une volonté politique et par l’adoption de choix santé judicieux.


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