Que reste-t-il de nos boxeurs?
Tu as
bien beau avoir tout le cœur au ventre que tu veux, que reste-t-il après le son
de la cloche, quand les projecteurs sont braqués sur toi. Il y a une raison pour
laquelle on s’hait d’admirer Money et on s’aime
d’admirer Rush. Ces combattants-là sont capables de livrer la
marchandise même quand il n’y a plus de jus dans le réservoir. C’est plus que
la marque du champion, c’est la marque du guerrier.
Joachim
Alcine devient le champion du monde des super mi-moyens en 2007. Tous les
espoirs sont alors permis après son affrontement contre Travis Simms. Doté
d’une une excellente technique et d’une attaque axée sur la défensive, Alcine a
une bonne chance de finir sa carrière en gardant toutes ses facultés. Il reste
que son menton est testé à sa deuxième défense de titre. Et d’un direct au
menton au round 6, Daniel Santos envoie Alcine au pays des merveilles. Le
difficile test qui est de demeurer champion du monde est échoué. Il fait
un comeback en soutirant à David Lemieux sa ceinture
Intercontinentale. Curieusement, l’histoire montre que c’est Lemieux qui tire
la leçon de ce combat. Après avoir vaincu David, Alcine retourne encore plus
rapidement aux pays des merveilles. Cette fois son menton n’atteint pas les 6
rounds face à Matthew Macklin. C’est que demeurer champion demande parfois de
sortir de sa zone tranquille. Le défenseur Andre Ward le prouve contre
l’attaquant Sergei Kovalev.
Tous les
espoirs sont alors permis avec Jean Pascal. Probablement le boxeur le plus
talentueux qu’a connu le Québec. J’entends alors mon prof me faisant la morale
sur le talent qui n’est pas suffisant. Il disait que pour survivre sur le
marché, il faut d’abord être un excellent technicien. Pascal devient le
champion du monde des mi-lourds et le reste avec un bras derrière le dos, c’est
la définition du talent. Adrian Diaconu n’en revient pas depuis 2009. Tout le
talent de Pascal se révèle encore une fois face à Chad Dawson. Ce dernier deviendra
l’ombre de lui-même après son passage à Montréal. Il laisse quand même une
marque d’interrogation sur Pascal. Le combat offre tout un spectacle puis nous
laisse sur notre faim au round 11, round où Pascal semble ne plus avoir de jus.
Comment le combat aurait fini si Dawson n’avait pas été head-butted
involontairement ? Les juges accordent la victoire à Pascal tout de
même, mais à mille lieues de là, un vieux renard voit une opportunité.
Dans les
premiers rounds de sa défense du titre contre la vieux Bernard Hopkins, Pascal
montre encore une fois tout son talent. Aux rounds de championnat du monde, il
survit à peine. Cette fois les juges en prennent considération et déclarent le
combat nul. Bernard Hopkins donne une réponse à la marque d’interrogation sur
Pascal. Hopkins insinue que Pascal se fatigue vite, « un boxeur de 4 rounds »,
se permet-il de lancer. Le talent peut bien servir de masque, mais pour combien
de round ? Au combat revanche contre Hopkins, le plus vieux renard montre qu’il
est le plus jeune des deux. Jean Pascal ne redeviendra plus champion du monde.
Tout
n’était pas perdu pour Pascal, il délivre sa meilleure performance en carrière
contre le bien-aimé Lucian Bute. Pour arriver à cette performance, il demande
l’aide de l’idole de tous, Roy Jones Jr. Quelque chose de magique se produit
chez Pascal dans ce combat où il est sorti unanimement victorieux. Disons que
Pascal a bien tiré avantage du fait que Bute ne cogne pas dur. Malheureusement,
la magie n’opère pas face au gros et méchant Kovalev. Contre ce cogneur qui
venait du froid, on ne peut pas se permettre d’avoir les mains bases, les coups
larges et les dos au câble. Kovalev est celui qui laisse une marque finale sur
Pascal.
Tous les
espoirs sont alors permis quand Bermane Stiverne devient le roi des poids
lourds en 2014. Toutefois, son règne n’est que de courte durée. Comme Richard
Dwyer le dit si bien : « il y des poids lourds, et le reste ». En d’autres
termes, s’il y a une catégorie de poids à ne pas prendre à la légère, ce sont
bien les poids lourds, une catégorie aussi symbolique que le drapeau d’un pays.
Un champion du monde des poids lourds en boxe est le champion du monde, tous
sports confondus.
Stiverne
a été reconnu comme étant un counterpuncher qui cogne dur.
Le counterpuncher possède bien des avantages, mais il est
lourdement désavantagé lorsqu’un boxeur wild lui relance
l’attaque. Nous avons tous regardé Stiverne crouler sous l’attaque de Deontay
Wilder.
Comme
dit Mérovingien dans La Matrice : « le problème c’est le choix ». Or, en
choisissant d’avoir Al Haymon comme gérant, le prix à payer est double. Une
carrière remplie d’argent mais sans héritage à léguer. Adonis Stevenson devient
le champion du monde des mi-lourds en mettant fin à la carrière de celui qui
avait auparavant laissé une marque d’interrogation sur Pascal. Et il le fait de
façon spectaculaire comme Superman (voir vidéo ci-dessous).
Tous les espoirs sont alors permis. Par la suite, Adonis choisit de passer à la
cour des grands en signant avec celui qui gère la carrière de Floyd Money Mayweather.
Il fructifie de combat en combat sans jamais affronter le rival de Superman.
Une gaucherie d’affaire qui laisse un vide dans son CV. À partir du moment où
Hopkins est forcé à la retraite et que Ward est parti à la retraite en envoyant
Kovalev aux portes de la retraite, que reste-t-il pour Stevenson ? Un prochain
combat contre Badou Jack ne cimentera pas son héritage. Espérons que Haymon
sorte toute son intelligence pour sortir Ward de la retraite.
Que
reste-t-il de nos boxeurs Haïtiens d’icitte. Il reste la place à
l’amélioration. Le Québec est en retard mais il n’est pas trop tard pour voir
un boxeur capable de se défendre tout en étant capable d’appuyer l’attaque. Du
talent on en a à revendre, mais le passage au vedettariat manque. J’ajoute
aussi que nos futurs boxeurs doivent se préparer à une guerre qui commence
quand la ceinture est gagnée. Puis je termine en répétant que la carrière d’un
boxeur se résume à 1 combat restant dans l’imaginaire collectif. Mayweather
n’est pas revenu contre Conor McGregor seulement pour l’argent. Il s’est rendu
compte qu’il était parti sans laisser de trace.
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